Le vélo est le nouveau romantisme (Ep 27.)
Les goûts et les couleurs
NOIR et puis c’est tout.
Ce billet est terminé.
J’aurai pu répondre à vos invectives et débattre de ce sujet ô combien clivant dans la cyclosphère. Il faut se rendre à l’évidence, les vélos noirs sont ceux qui vont plus vite.
Ne pensez pas qu’il s’agisse d’un masculinisme mal placé et encore moins du jeu de celui qui à la plus grosse. Aller vite à vélo est très relatif. Plus vite que les motorisés dans les centres urbains c’est une certitude démontrée par tous les tests en double aveugle. Plus vite qu’un oiseau dans le ciel assurément non. L’hirondelle a un corps trop fuselé pour cela, une queue à deux pointes pareille à la fente de la redingote des pandores éponymes à képi de l’après guerre.
Je vous le donne en mille, de quelle couleur est l’hirondelle ?
Vous me rétorquerez que vous mettez si aisément dans le vent la maréchaussée rapidement essoufflée à vous poursuivre. Il n’empêche, l’autorité c’est noir. L’abbé le démontre encore et il n’a cure en la quittant que de vous laisser à votre mécréance, tout empressé qu’il est de rassembler ses ouailles et leur délivrer la vérité.
Noir aussi.
C’est exigeant un vélo noir. Depuis sa conception. Le fil de soudure approximatif est une injure immédiate avec un vélo noir. Il se doit d’être parfait de régularité. Le soudeur sait à l’avance le pigment qui le recouvrira et la grandeur d’âme de celui qui bientôt l’enjambera.
Le vélo noir ne souffre pas d’être maculé. Et son merveilleux propriétaire ne manquera pas de l’entretenir avec attention, ne laissant aucun espace recouvert de crasse au risque de ne plus laisser éclater sa couleur au grand jour.
Le noir est un univers en soi. Et tous les bigarrés sombreront dans le trou. Noir, le trou évidemment.
Il y a matière au noir : mat, épais, moiré, lisse, granuleux, brillant, fin, profond, d’ébène, en lavis.
Nos Soulages ambulants se parent de toutes les profondeurs. Un vélo noir c’est l’œuvre d’une vie.
Le noir à toutes les humeurs. Sombre me direz vous.
Il a un humour corrosif.
Il sait aussi se moquer de lui même à en faire des chansons. Michel Colucci lui non plus n’a pas peur du noir.
C’est la couleur des grands artistes.
Monsieur Eddy a commencé avec des chaussettes noires.
Et Barbara, tu te souviens de Barbara ?
Noir, c’est la couleur des héros, des Zorros !
Les héros ne portent pas de cape. Ils s’enserrent la jambe dans un cuissard.
Les Raymond homme-sandwich qui s’affublent des logos des mercantiles qui ont longuement calculé le ROI des interminables heures d’antenne on perdu le sens commun depuis bien trop longtemps.
La tradition, il n’y a que ça de bon. Noir est le cuissard.
Ne dis-t-on pas que la garde robe essentielle se doit de contenir l’intemporelle petite robe noire qui va avec tout ? Ne cherchez pas, vous l’avez bien dans votre dressing. Ne le niez pas.
Quand je vous vois sur les pistes avec vos cadres multi-colores, des pastels à la mode, vos aciers vernis de zazous, que vous cachiez vos aciers d’autocollants jusqu’à ne plus deviner la couleur originelle, que vous l’affubliez de pimpants accessoires, j’aurai voulu vous faire comprendre le vrai sens des choses, mais je comprends ce qui vous meut, et j’ai filé.
PS : vous pouvez m’unfo comme on dit sur les rézosaucios.