Le vélo est le nouveau romantisme (Ep.34)

Dans les limbes
4 min readMay 30, 2021

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A l’intersection il faut céder le passage.

Photo : https://twitter.com/Narno

Ce billet est une tentative où l’épicène ne suffira pas. Je serai peut-être obligé d’utiliser le point médian. Sois tolérant.e, c’est une expérience que je me dois de faire alors qu’elle a longtemps heurté mon éducation. J’ai appris au XXième siècle que le masculin était le genre du neutre sans savoir qu’explicitement c’était pour reléguer le féminin comme un genre mineur. Revenons à ce qui nous fait plaisir ici.

Partager sa route avec d’autres cyclistes est un des bonheurs les plus estimables. Je vous ai souvent raconté les rencontres impromptues et les quelques kilomètres à deviser côte à côte. On profite à deux et la langueur du parcours s’éloigne un peu quand il s’agit de #vélut.

Le vélo utilitaire est rarement approprié à l’usage grégaire sauf si vous prévoyez de déménager et que vous savez rameuter tous les vélo-cargos de votre entourage. Vous donnez vous rendez vous pour faire vos courses à vélo ?

Il y a heureusement le vélo dit “loisir”. Celui qui sert d’alibi pour l’auto-congratulations de nos édiles pour trois cent mètres de voie verte qui ne s’arrête nulle part et qu’en plus on doit partager avec les piétons. On les y verra se pavaner en vélo à assistance électrique avec l’aréopage de costards cravates qui les accompagne où qu’ils aillent. On ne les y suivra pas.

Les contes du jour seront-ils toujours bon ? A se compter, nous ne sommes pas si nombreux qu’il faille se diviser. Bien sûr, on pourra se retrouver par milliers aux convergences avec son tee shirt, couleur de son point cardinal. Le holi moderne et occidental qui s’ensuit quand tout.e.s se retrouvent en capitale, fleure bon l’harmonie et l’amour sans retenue de son semblable pédaleur.

Bien souvent, la troupe sera plus petite et se retrouvera selon sa disponibilité commune autant qu’à ce qui les rapproche. La durée, la difficulté du parcours envisagé est le premier facteur d’exclusion. Qui voudrait s’y mêler doit dépasser sa crainte à ne pas connaître sa limite quand il s’agit d’affronter les nombreux kilomètres qu’au grand jamais on a déjà eu l’occasion de parcourir.

Moins long, et heureux possesseur du vélo des yachtmen britannique vous aurez la joie de découvrir votre ville avec les virées du Paris Brompton Club. De s’y présenter avec des roues dépassant les vingt six pouces, on ne vous en voudra probablement pas au point de vous sectionner les câbles et le pneus, Mais gageons qu’un regard un peu torve se posera sur vous.

Je passe rapidement sur les Raymond, parce que j’en fréquente, et que je dois à certains (il n’y avait aucune fille dans leur groupe) le premier cent kilomètres de ma vie de cycliste. Je ne leur en veux tellement pas que je les honore sur mon tee shirt.

Attention à ne pas mélanger les gravel et les adeptes du tour de France. Le cintre route est trompeur et il s’agit bien là de deux familles forts différentes, bien quepour les deux, le graal reste le grand col alpin pas encore gravi. Bientôt badgé par Strava, un de ceux qu’on arbore, fier comme un militaire en uniforme d’apparat.

A l’autre extrémité du spectre, vous irez peut être un jour à la vélorution de votre quartier. C’est joyeux quand tous.tes viennent se mêler à la circulation des motorisés et comme un vol d’étourneaux virevoltant autour d’un rond point en baissant tour après tour la cadence viennent à renvoyer l’automobiliste agacé à l’incongruité de sa mobilité. Vous pourrez vous y rendre casqué et sur votre vélo assisté. Vous y engagerez la conversation plus loin que lorsque vous tentez de chiper la chaise de la table d’a coté sur votre terrasse de bard favorite. Quoique.

De toutes ces intersections, il en est une qui segmente sans possibilité de dépasser la frontière. Elle a fait les choux gras de politiques en mal d’audience et m’a en contre coup ouvert à la lecture, et à l’échange pour comprendre.

Je l’avoue, le mystère du lieu qui m’est à jamais interdit a pu me pousser à la moquerie. Par ignorance, bêtise aussi. Que cela se soit produit au cours d’un éclat public et provoqué l’ire sur celles qui le pratique n’était clairement pas l’objectif.

Parce que mon univers professionnel proche est à parité, que l’atelier associatif que je fréquente ne le pratique pas du fait de son principe de fonctionnement la non-mixité m’est étranger.

Alors j’ai pris le temps de me documenter auprès de celleux qui ont bien voulu me guider sur ce chemin. Qu’iels en soient remercié.e.s.

Quelle que soit votre envie, il importe de trouver parmi la diversité des pratiques et pratiquants celleux qui vous accompagneront dans votre découverte et vous ouvriront la porte de la vie à bicyclette.

Aux parfait.e.s débutant.e.s je recommanderai de frapper à la porte de l’association de votre ville. Elle vous accueillera d’où que vous veniez, quelle que soit la monture sur laquelle vous les rejoindrez. Vous découvrirez les horizons à gagner.

Je lis ou croise parfois un.e cycliste qui seul.e a fait son parcours en solitaire jusqu’à se lancer le défi d’aller au bout de son département, de son pays, ou du globe, je m’étonne toujours un peu, et questionne pour comprendre mais au fond, ce que j’apprends chaque jour un peu plus, c’est qu’à l’intersection il faut céder le passage.

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